4 juin 2018

L’Europe est généralement en avance sur les États-Unis en matière de lois et de réglementations sur la durabilité. Il semble également que les États-Unis suivent généralement le mouvement dans les cinq ans environ qui suivent la mise en œuvre des nouvelles réglementations en Europe. 

En outre, lorsque le Royaume-Uni a lancé un plan sur 25 ans visant à éliminer tous les déchets plastiques évitables, ceci a retenu toute notre attention. Ces nouvelles réglementations étant déjà mises en œuvre par des entreprises, certaines affirmant même qu’elles élimineront les déchets plastiques évitables dans trois ans, il sera important pour les États-Unis de prendre note des points positifs du plan, des défis auxquels le Royaume-Uni est confronté et des solutions apportées à ces défis au cours des prochaines années. 

Comme ces réglementations affectent directement notre société sœur, Plastique, nous avons invité notre directeur du marketing européen, Neil Westrope, à nous fournir quelques informations sur le nouveau plan, ainsi qu’à nous faire part de ses réflexions à ce sujet. 

Êtes-vous sur la bonne voie pour être en conformité si la législation européenne sur les plastiques est adoptée aux États-Unis ? 

Par : Neil Westrope, directeur du marketing européen  

Le Royaume-Uni s’est engagé à éliminer tous les déchets plastiques évitables d’ici 2042. Cet engagement prévoit la suppression des déchets tels que les sacs à poignée, les emballages alimentaires et les pailles en plastique jetables qui jonchent le pays et polluent les mers. Le plan de plus grande envergure sur 25 ans, promis pour la première fois il y a trois ans, incitera également les supermarchés à mettre en place des « allées sans plastique » pour les produits sans emballage et confirmera les plans visant à étendre la taxe de 5 pence (environ 7 cents) pour les sacs à poignée à tous les détaillants anglais. 

Cette décision intervient alors que le gouvernement cherche à améliorer ses références environnementales en prenant des engagements récents en matière de protection des animaux et de microbilles de plastique. 

Le groupe de pression anti-plastique au Royaume-Uni a pris de l’ampleur récemment après la diffusion de la série télévisée Blue Planet II de Sir David Attenborough, qui a attiré l’attention sur les dommages causés aux créatures qui s’empêtrent dans le plastique ou qui mangent des fragments qu’elles ont pris pour de la vraie nourriture. 

Face à l’inquiétude croissante suscitée par les déchets plastiques, le Premier ministre britannique, Theresa May, a déclaré : « Nous regardons avec horreur certains des dommages causés à notre environnement dans le passé et nous nous demandons comment quelqu’un a pu penser que, par exemple, le déversement de produits chimiques toxiques, sans traitement, dans les rivières a jamais été une bonne idée. Dans les années à venir, je pense que les gens seront choqués par le fait que nous autorisons aujourd’hui la production inutile de tant de plastique. Rien qu’au Royaume-Uni, la quantité de plastique à usage unique gaspillée chaque année remplirait 1 000 Royal Albert Halls. » 

En outre, l’UE prévoit de rendre tous les emballages plastiques en Europe recyclables ou réutilisables d’ici 2030. Cet engagement s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus large visant à lutter contre les déchets plastiques. Citons parmi les autres engagements pris une réduction de la consommation de plastiques à usage unique et des restrictions sur l’utilisation de microplastiques, tels que les microbilles présentes dans certains produits de beauté. On estime que 8,3 milliards de tonnes de plastique ont été produites depuis les années 1950, et les recherches indiquent que si aucune mesure urgente n’est prise pour réduire la demande, ce chiffre devrait atteindre 34 milliards de tonnes d’ici 2050. 

Rien qu’au Royaume-Uni, lors de son récent Grand nettoyage des plages britanniques, la Marine Conservation Society a trouvé 718 déchets par tranche de 100 mètres de plage étudiée, dont au moins un cinquième des déchets proviennent de la nourriture et des boissons. 

La lutte contre le plastique pourrait comporter deux volets : nettoyer ce qui se trouve déjà dans les océans (on estime à cinq billions le nombre de morceaux de plastique qui s’y trouvent) et empêcher que d’autres y pénètrent. Les spécialistes des sciences de la mer estiment toutefois que la priorité absolue doit être la prévention : il s’agit de réduire rapidement l’écoulement de ces huit millions de tonnes de déchets par an, dont la moitié est transportée par les rivières. 

Bien que l’élimination des matières plastiques ait un rôle à jouer, qu’il s’agisse de nettoyages de plages de faible technicité ou d’une proposition de haute technologie visant à extraire le plastique flottant dans le Vortex de déchets du Pacifique Nord, la pollution est trop dispersée dans les océans pour qu’une grande partie puisse en être éliminée de cette manière. 

La Fondation Ellen MacArthur, l’une des principales organisations caritatives de lutte contre le gaspillage, estime que les nettoyages internationaux ne pourraient pas traiter plus de 0,5 % des plastiques qui se retrouvent dans les mers. Certes, il existe des solutions technologiques de nettoyage, comme les grands dispositifs mécaniques qui balaient le milieu de l’océan, mais nous risquons d’être détournés de la priorité qui consiste à empêcher les plastiques de pénétrer dans les océans. 

Cela implique de modifier à la fois le comportement des consommateurs et la conception des produits, afin de décourager l’utilisation non essentielle des plastiques, notamment pour les emballages, et de faciliter le recyclage des plastiques utilisés. Les plastiques ne sont pas l’ennemi. Ce sont des matériaux merveilleux. Ce qui compte, c’est ce que nous choisissons d’en faire. Il ne s’agit pas de se passer complètement des matières plastiques mais de faire les choses différemment. 

Les gains les plus importants ne viendraient-ils pas de l’obligation faite aux fabricants de concevoir des produits recyclables, transformant ainsi l’économie linéaire traditionnelle (fabriquer, utiliser, jeter) en une « économie circulaire » ? Lorsque l’emballage est essentiel, il doit être simple et facilement identifiable, afin que les centres de recyclage équipés de machines de tri automatisé ne soient pas confrontés à une pléthore de matériaux différents mélangés ou collés ensemble.